Atelier Voix Chantée


Date : 11 Juillet 2000
Thèmes de la scéance :


Etaient présents : Martine Adda, Christophe d'Alessandro, Mich�le Castellengo, Zeroual Chakiv, Lise Crevier-Buchman, Didier Demolin, Boris Doval, Nathalie Henrich, Yves Ormezzano, Jean-Dominique Polack, Claire Pillot, Sophie Rousset, Bernard Roubeau, Jacqueline Vaissi�re et Vu Ngoc Tuan.



Définition et description physique de l'efficience vocale

Vu Ngoc Tuan


  1. Définition de "l'efficience vocale"

    L'efficience vocale est définie comme le rapport de la puissance acoustique rayonnée et de la puissance de l'air fournie par les poumons.

    Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ces termes, les définitions physiques de la puissance, du travail d'une force et de la propagation d'une onde sont disponibles sous forme de fichier postscript.

  2. Unité de l'efficience

    `` L'efficience '' vocale ainsi définie est un rapport de puissance, c'est un nombre sans dimension, à condition que les deux puissances soient exprimées avec la même unité (watt par ex.)
    Si la puissance rayonnée est mesurée en décibel il faut la convertir en watt. Ceci est bien indiqué dans l'article de Junnong Tang et Elaine T. Stahopoulos (1995) mais moins clairement dans celui d'Eva B. Holmberg, Robert E. Hillman et Joseph S. Perell(1988).
    Par conséquent, si on veut faire des comparaisons entre des mesures faites par des équipes différentes, il faut bien vérifier si les mesures sont faites avec les mêmes unités.

  3. Rendement et pertes

    `` L'efficience '' vocale est un rapport de deux nombres. Son interprétation pour qualifier une certaine efficacité du système vocal dépend des conditions de mesure. Il vaut mieux utiliser le mot de rendement qui est plus neutre. Le rendement traduit qu'une partie seulement de la puissance fournie par les poumons est convertie en puissance acoustique.

    Entre les poumons et le microphone il y a des pertes. Titze (1992) en cite deux :

    1. L'air des poumons doit d'abord mettre les cordes vocales en mouvement. Plus les cordes vocales sont lourdes plus la puissance nécessaire pour mettre les cordes vocales em mouvement doit être grande, plus il y a de perte.

    2. Les turbulences de l'air ne sont pas périodiques donc ne participent pas à la production du son. Plus il y a de turbulences moins il y a de son.(sauf pour les sons qui sont produits par le passage de l'air dans un rétrécissemt : fricatives, chuintantes ...etc).

    Le rendement est très faible, il varie de 10-4 à 10-2.

  4. Rendement et efficacité

    Pour relier ce rendement à une efficacité ou à une défience du système vocal il faut connaître les conditions de la mesure.

    Si le rendement diminue cela peut être dû à la diminution de la puissance rayonnée ou à l'augmentation de la puissance fournie. Une diminution du rendement entre deux expériences, traduit une défience si la puissance fournie ou la puissance rayonné est est maintenue constante.

    Si la pression venant des poumons est maintenue constante entre les deux expériences et que le rendement diminue cela veut dire que la puissance rayonnée diminue. Pour une même puissance fournie la puissance rayonnée est plus faible, donc le système vocal est moins efficace dans la deuxième expérience.

    Si la puissance rayonnée est maintenue constante, et que le rendement diminue cela veut dire qu'il faut plus de puissance fournie par les poumons, donc le système vocal est moins efficace.

    Une autre situation où l'interprétation du rendement est difficile, est celle où la fréquence du signal acoustique varie.
    Supposons que le système vocal fonctionne comme une machine. Règlons cette machine pour produire un /i/ à 150 Hz (dans les équations définissant la propagation de l'onde plane, l'amplitude a prend une certaine valeur). Cette valeur vient de la façon dont la puissance fournie par les poumons est convertie en puissance sonore. Puis la fréquence est doublée, en gardant le même a c'est-à-dire en restant dans les mêmes conditions de conversion de la puissance fournie en puissance sonore. La puissance rayonnée est mutipliée par quatre car elle est proportionnelle au carré de la fréquence. Le rendement est ainsi multiplié par quatre sans que le système vocal soit plus `` efficace ''. (ceci est une expérience fictive, faite en supposant que la façon dont l'amplitude a est produite en fonction de la puissance fournie est parfaitement connue et contrôlée).

    Conclusion

    Pour mesurer `` l'efficacité '' du système vocal il faut d'abord définir cette efficacité. Le rapport de la puissance rayonnée et de la puissance de l'air fournie par les poumons fait certainement partie des grandeurs à mesurer mais il ne suffit pas à caractériser cette efficacité. Il vaut mieux appeler ce rapport rendement plutôt que ``efficience ''. Le lien entre ce rendement et l'efficacité du système vocal reste à étudier.





Mesures de pression sous-glottique en français

Didier Demolin



Expérimentation

Des mesures de pression sous-glottique ont été effectuées sur des sujets volontaires prononçant des combinaisons des consonnes /b,d,g,p,t,k/ avec les voyelles /i,a,u/. Ces mesures ont été effectuées de façon directes (par ponction trachéale sur Physiologia et Eva2) et indirectes (mesure de la pression sub-glottique).

Comparaison mesures directes / mesures indirectes

On observe une bonne concordance entre mesures directes et mesures indirectes pour les plosives (/p,t,k/). Par contre, la concordance est plus mauvaise pour les consonnes voisées (/b,d,g/). (observations sur la voyelle /a/)

Rapport entre intensité, fréquence fondamentale et pression sous-glottique

On retrouve le fait que, quand la pression sous-glottique augmente brutalement, la fréquence fondamentale augmente de m�me. On observe sur les trilles une augmentation de la pression sous-glottique.

Grâce à une expérience qui consiste à faire écouter à un sujet une voyelle sur une hauteur et une intensité déterminée et à lui demander de la reproduire, on retrouve également le fait que la pression sous-glottique contribue massivement à l'intensité vocale.

Effet de la pression sous-glottique sur les voyelles et les consonnes

Les voyelles étudiées sont le /a/, le /i/ et le /u/. On observe des différences marquées selon les voyelles (/a/ contre /i/ et /u/). On remarque également que les consonnes voisées présentent une pression plus élevée que les consonnes non voisées. Les consonnes bilabiales présentent une pression plus petite comparativement aux consonnes coronales et velaires.
L'explication de ces observations pourraient s'appuyer sur une modification de la forme du conduit vocal, de l'impédance à la glotte ou de l'effort respiratoire.