Atelier Voix Chantée n°4
Les "sons saturés" dans le rock metal: un mécanisme supraglottique performant
Intervenants :
Gérard Chevaillier, ORL-phoniatre, Rachel Guilbault et Noël Renard, ortophonistes.
Date :
06/05/08
Présents : Sophie Albert, Christophe d'Alessandro, Jean-Yves Bosse-Vidal, Michèle Castellengo, Gérard Chevaillier, Boris Doval, Robert Expert, Marie-Agnès Faure, Susanne Fürniss, Rachel Guilbault, Nathalie Henrich, Sylvain Lamesch, Lise Mison, Lucie Notin, Cédric Patin, Sophie Quattrocchi, Jessica Roda, Bernard Roubeau, Coralie Vincent, Anna Zumbansen. nbsp;
Résumé :
Objectifs
:
Le but de cette étude est de définir et de comprendre les mécanismes de
production de la « voix saturée » chez les chanteurs de rock métal, de
vérifier s’il existe des corrélations entre les sensations ressenties
par le chanteur et les mécanismes de production du son laryngé qu’il
utilise, et enfin de répondre à la question de la dangerosité qu’un tel
mécanisme peut faire encourir aux cordes vocales.
Méthode : Nous avons enregistré un professeur de chant et deux de ses élèves utilisant la technique de la voix saturée. Nous avons pratiqué une étude perceptive, une étude spectrographique à partir de l’EGG et une étude vidéo-stroboscopique du larynx en fibroscopie. Les enregistrements ont été effectués sur la voyelle /e/ ton par ton du grave à l’aigu, et sur des glissandos.
Résultats : L’analyse vidéo couplée à l’analyse spectrale nous permet de dire que la voix saturée nécessite la mise en oeuvre d’au moins deux vibrateurs : les cordes vocales associées à un vibrateur supra glottique : les bandes ventriculaires, les aryténoïdes ou l’épiglotte.
Les sons graves nécessitent la mise en jeu des bandes ventriculaires, alors que les sons aigus mettent en jeu les aryténoïdes et/ou l’épiglotte. Nous n’avons pas pu mettre en évidence de relation claire entre les sensations du chanteur et un « pattern » vibratoire donné. Les différentes qualités acoustiques : nasale, vélaire, supraglottique et glotto-vélaire, sont néanmoins bien discriminées en deux catégories par un jury d’expert ; celles qui donnent des sensations vibratoires « en haut » : nasale et vélaire ; et celles qui donnent des sensations « en bas » : supraglottique et glotto-vélaire. Le chanteur va donc se servir de ses sensations (vibratoire et auditive) pour atteindre l’accord phono-résonantiel adéquat.
Conclusion : Pour que la voix puisse se « saturer », le chanteur de rock métal utilise une source vibrante mettant en jeu plusieurs « covibrateurs ». Ce mécanismes est tout à fait similaire à celui décrit dans d’autres techniques vocales sous le terme de « period doubling ». Le lexique issu de l’analyse perceptive et utilisé par le chanteur correspond à une métaphore pédagogique au même titre que celles utilisées dans d’autres techniques vocales. Nous n’avons pas trouvé de lésion laryngée chez nos sujets chanteurs. Des recherches supplémentaires sont nécessaires afin de déterminer si une mécanique vibratoire à plusieurs covibrateurs est plus résistante au forçage vocal ou si nous sommes à l’aube de l’apparition d’une nouvelle pathologie laryngée glottique et supraglottique ?