Chercheuse en colère !
Journée des nouveaux entrants au CNRS, 9 Mars 2009
Au moment où nous, nouvellement recrutés au CNRS, devrions nous réjouir d'intégrer cet organisme, nous voulons exprimer publiquement les vives inquiétudes que suscitent à nos yeux les réformes en cours et les profondes modifications structurelles touchant notre organisme. Nous avons donc collectivement décidé de réagir lors de la journée d'accueil organisée par la direction du CNRS, à l'hôtel Mariott à Paris. Nos deux motivations principales étaient :
- Témoigner de notre mécontentement, inquiétude et colère face aux réformes en cours et à venir du système de recherche et d’enseignement supérieur français. Nous somme jeunes mais pas naïfs : nous ne nous laisserons pas manipuler et lutterons jusqu’au bout pour ne pas assister au démantèlement du CNRS, dont l’organisation et la structure nous sont enviées dans le monde entier. Nous pouvons de plus en témoigner concrètement, de par nos expériences post-doctorales à l’étranger.
- Faire comprendre au grand public que la mobilisation actuelle n'est pas une histoire de statut ou de salaire, ni une question d’immobilisme, mais la recherche de garanties pour qu’il soit encore possible, en France, de réaliser une recherche gardant son indépendance vis-à-vis des mondes politique et économique.
Cet événement a rassemblé environ 800 nouveaux recrutés - chercheurs, ingénieurs, personnels techniques et administratifs. La journée a été marquée par nos manifestations d’interrogation, d’inquiétude et de colère. L’introduction d’Arnold Migus, directeur général du CNRS, n'a présenté aucun intérêt si ce n'est la diapo suivante:
Notez bien l'emploi du passé dans le titre !!! Et d'ailleurs, si ces valeurs ont été aussi efficaces, pourquoi les détruire et les remplacer par des valeurs basées sur la rentabilité ??? |
Sa présentation s’est conclue par une levée de cartons rouges qui a suscité des prises de parole sur les orientations politiques en matière de recherche.
Une lettre ouverte adressée à la direction, préparée en amont par nombre d'entre nous sur un forum de discussions ayant rassemblé 200 des recrutés invités, a été lue à la tribune.
Cette lecture a été saluée d'une ovation, contrastant fortement avec l'absence d'applaudissements à la fin du discours d'A. Migus et a reçu le soutien de Philippe Walter, président de la Conférence des Présidents de Section du Comité National.
Ceci nous a conduit à organiser une assemblée générale en début d’après-midi. En conséquence, un débat contradictoire a pris le pas sur l’intervention programmée du secrétaire général Alain Resplandy-Bernard.
Ce débat a été alimenté par des interventions du Collectif et, sur son invitation, par la prise de parole de deux membres de SLR : Georges Debrégeas a rappelé l’historique des réformes et des mobilisations, et Cyril Capelain a fait le point sur la situation des chercheurs précaires. Se bornant à des descriptions comptables, Alain Resplandy-Bernard n’a visiblement pas convaincu l’auditoire pour ce qui concerne les évolutions politiques futures du CNRS : le texte lu dans la matinée a en effet reçu l’approbation de 81% des 686 votes exprimés (557 oui, 19 non, 110 abstentions).
Ces actions ont été
relayées par Sylvestre Huet sur son blog sciences² :
http://sciences.blogs.
Son ajout du 10 mars relatant son coup de fil avec la direction du CNRS montre que, malheureusement, celle-ci reste sourde à la colère qui gronde dans les labos. Ce n'est pas une surprise, vu l'indifférence montrée par MM. Migus et Resplandy-Bernard lorsque nous avons exprimé nos inquiétudes quant aux devenir du CNRS.
Dommage que nos actions ne les aient pas marqués autant que le pavé du bd St Jacques !!!